Ma proposition aux entrepreneurs, pour une politique économique de prospérité
Depuis quarante-cinq ans, la France décroche. En 1980, nous produisions autant par habitant que les États-Unis. Aujourd’hui, c’est presque deux fois moins. La France devient un pays pauvre avec un modèle social de pays riche. Ouvrons les yeux.
Nous vivons dans un monde de compétition économique où la brutalité américaine n’est rien par rapport à ce constat : la Chine est, pour la première fois dans notre histoire, un compétiteur de même niveau technologique…mais 40% moins cher. Cette situation est inédite et engage le pronostic vital de pans entiers de l’industrie française et européenne, notamment de l’automobile. Ouvrons les yeux.
La crise politique actuelle est un poison économique mortel. Face à l’instabilité et au délire fiscal, les défaillances d’entreprise explosent, les investissements sont en berne. Pour la première fois depuis 2017, nous fermons plus d’usines que nous en créons. A l’Assemblée nationale, une coalition d’irresponsabilité a décidé de taxer comme jamais les entreprises et les entrepreneurs plutôt que de maîtriser la dépense publique, indifférente à la casse économique et sociale qu’elle va créer. Ouvrons les yeux.
Ouvrir les yeux, c’est arrêter de se raconter des histoires et regarder la réalité en face. C’est soutenir massivement nos entreprises, nos entrepreneurs et tous ceux qui contribuent à l’économie de notre pays. C’est préparer l’avenir en aidant la jeunesse à réussir plutôt qu’en s’abandonnant et en se déchirant dans des débats d’arrière-garde : la suspension d’une réforme des retraites que chacun sait nécessaire, l’absurde taxe Zucman, le retour de l’ISF et la remise en cause du pacte Dutreil. Face à ce spectacle, les patrons d’ETI et de PME que je rencontre partout en France sont inquiets et effarés. Ils se battent tous les jours, avec leurs équipes, pour avancer et se demandent pourquoi tout le monde leur en veut.
Nous ne sortirons pas de cette folie sans quelques lignes claires. Voici quelques convictions simples que je propose aux Français et à nos entrepreneurs.
Première conviction : j’assume totalement la politique de l’offre quand elle n’est pas la politique des chèques. Entre 2017 et 2020, avec le Président de la République et la majorité de l’époque, nous avons soutenu massivement les entreprises (baisse de l’IS, allègements de charges, PFU, simplification…) tout en limitant la dépense publique et en réduisant le déficit et le chômage. On peut créer de la croissance et tenir nos comptes.
Deuxième conviction : le salut français tient en trois mots. Produire plus, travailler plus, innover plus. Plus de richesse, c’est plus de pouvoir d’achat et plus de patrimoine pour les Français, mais aussi plus d’investissements dans les services publics et la décarbonation de notre outil productif ! Faisons grossir le gâteau avant de le partager.
Troisième conviction : nous devons inverser la logique de ces trente dernières années. Pendant trente ans, nous avons surrégulé chez nous, en Europe et en France, et dérégulé les échanges mondiaux en désarmant nos instruments de protection. Ce modèle atteint ses limites et il faut inverser les choses. Ma doctrine économique c’est au contraire : libérer l’économie française, protéger l’économie européenne.
Alors oui, je proposerai aux Français une nouvelle politique économique de prospérité.
Je commencerai par un deal fiscal avec nos entreprises d’une ampleur inédite. Parce que nous avons créé un système fou. Nous avons la fiscalité sur la production la plus importante d’Europe (cinq fois plus que l’Allemagne), qui frappe nos entreprises avant qu’elles aient fait le moindre bénéfice, en taxant les embauches et l’outil productif. Nous avons inventé les impôts les plus absurdes du monde : les impôts sur le Made in France ! Et de l’autre côté, l’État aide les entreprises avec une centaine de milliards d’aides publiques saupoudrées, complexes, incompréhensibles. Ma proposition est simple : supprimer la moitié de ces impôts contre la production, mais aussi la moitié des aides publiques improductives. Un deal à 50 milliards d’euros de baisse d’impôts d’un côté et de baisse de dépenses de l’autre. 250 milliards sur un quinquennat. Ce deal sera scellé pour cinq ans et sera un pilier du pacte pluriannuel de stabilité fiscale et réglementaire que je veux garantir aux entreprises. Avec une philosophie simple. Pour les entreprises : produire plus pour gagner plus. Pour l’État : aider moins pour dépenser moins. Moins de Cerfa à remplir, moins de fonctionnaires, plus de simplicité, plus de confiance.
On dira que c’est impossible, que c’est compliqué. Que derrière chaque impôt il y a une collectivité publique financée, que derrière chaque aide il y a un secteur fragile soutenu. C’est en partie vrai. Mais je crois que nos entrepreneurs préfèrent vivre de leur travail que de dépendre d’aides publiques. Je crois que notre pays a besoin d’un choc de simplification et d’un pacte de confiance entre l’Étatet les entreprises. Je crois enfin que l’État est parfaitement capable d’organiser ce transfert de ressources massif vers l’économie productive, tout en continuant à soutenir en stratège l’innovation et la décarbonation.
Et puis il faudra protéger le marché européen. Le compléter enfin et le protéger, vraiment. Protéger nos entreprises et nos travailleurs de la brutalité américaine et de la concurrence déloyale chinoise. Protéger, ce n’est pas fermer à double tour le marché européen. C’est affirmer clairement ses intérêts et défendre clairement sa puissance. La France devra défendre à Bruxelles une révolution de nos instruments de protection : assumons d’imposer aux entreprises chinoises ce qu’elles nous imposent ! Des transferts de technologie, des quotas de production en Europe, des recours à des joint venturesdans les secteurs stratégiques. Revoyons enfin vraiment une politique de concurrence datée qui empêche l’émergence de géants européens. Battons-nous avec de nouvelles armes pour sauver notre industrie automobile, notre industrie de l’acier, notre industrie nucléaire… battons-nous pour notre prospérité et pour nos emplois !
Je le dis aux entrepreneurs et aux Français attachés à l’effort et au travail : quand nous sortirons de ce triste spectacle budgétaire et de cette période d’instabilité funeste, il nous faudra faire repartir le pays et reconquérir notre prospérité. C’est évidemment possible ! La France a tous les talents, toutes les énergies et toutes les ressources pour réussir. Partout en France je rencontre des entrepreneurs impressionnants par leur ténacité, leur engagement, la passion qu’ils nourrissent pour leur métier ou leur boîte. Ils aiment la France. La France devrait les aimer un peu en retour ! En les aidant moins et en les contraignant moins. Alors bien sûr le redressement exigera des efforts et quelques changements massifs. Mais soyons lucides : le prix de ces efforts et de ces changements n’est rien par rapport au prix du renoncement ou des mensonges.
