« La valeur cardinale, c’est le rassemblement » réécoutez Édouard Philippe sur Sud Radio le 20 mai 2025
Sur la victoire de Bruno Retailleau :
Quoi qu’il arrive, Édouard Philippe maintiendra sa candidature à l’élection présidentielle. A ce stade, c’est le seul à l’avoir dit clairement. D’ici-là, il se prépare et façonne un projet sérieux et crédible pour restaurer la puissance de la France et la sortir d’une situation compliquée.
L’élection de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains, aussi nette soit-elle, n’est que le résultat d’une élection interne qui traduit le fait qu’il est estimé dans son propre parti. Elle ne dit pas autre chose. Dans ce même parti, il y a déjà des gens qui disent « nous avons un président, mais ça ne signifie pas que nous avons un candidat à la présidentielle ». C’est la vie interne des Républicains et Édouard Philippe ne souhaite pas s’y immiscer.
On dit à juste titre que Bruno Retailleau exprime les choses clairement. Que quelqu’un lui pose la question de sa candidature en 2027 et il y répondra certainement clairement.
Sur l’état du pays :
Édouard Philippe constate et déplore une forme d’impuissance publique : les décisions nécessaires ne sont pas prises. Ce n’est pas que le fait du Président de la République : le système politique actuel empêche des réformes massives.
L’ennemi politique principal d’Édouard Philippe, c’est l’affaiblissement de la France. Face à celui-ci, l’urgence est de se rassembler pour rebâtir les fondements de la puissance française : l’Ecole qui ne fonctionne pas assez bien, l’économie qui souffre de réformes manquées, notamment sur le financement du modèle social, la justice qui laisse une forme d’injustice se développer, corrodant la cohésion sociale…
Aujourd’hui, ce qui passionne le débat public, c’est l’opposition des partis. Pourtant, ce n’est pas ce qui passionne les Français. Édouard Philippe parcourt le pays sans cesse : il était dans le Morbihan, dans la Loire-Atlantique et dans les Bouches-du-Rhône la semaine dernière. Les Français, eux, ne lui disent pas qu’ils sont passionnés par l’opposition partisane. Qu’ils soient de gauche ou de droite, ils attendent des propositions concrètes sur la justice, l’école, la sécurité ou l’économie.
Sur la justice :
Aujourd’hui, en France, on emprisonne trop tard et trop longtemps. La 1ère infraction n’est quasiment jamais suivie d’un emprisonnement et personne aujourd’hui n’est en prison pour vol simple par exemple. Édouard Philippe pense qu’il faut faire précisément l’inverse : envoyer les gens en prison tôt et pour des peines courtes, voire ultra-courtes. Ce système existe dans certains pays et ils ont d’excellents résultats en matière de lutte contre la récidive.
En France, on constate que les étrangers sont impliqués dans une proportion d’infractions plus élevée que leur proportion dans la population. Selon Édouard Philippe, si la France a besoin d’accepter des étrangers sur son sol, les chiffres doivent nous inciter à prendre des mesures claires : un étranger qui commet un crime ou un délit, d’une certaine nature et intentionnellement, n’a aucun droit à demeurer sur le territoire français.
Sur la prospérité et le travail :
Selon Édouard Philippe, si l’on veut être plus prospère, individuellement et en tant que pays, il faut collectivement travailler plus. Cela peut signifier plusieurs choses. Travailler plus nombreux d’abord, en améliorant le taux d’emploi des jeunes et des seniors, comme cela a déjà été fait entre 2017 et 2020. Travailler plus chacun également, ce qui peut se traduire par travailler plus longtemps dans sa vie comme c’est le cas en Allemagne ou en Italie. Travailler mieux aussi, en gagnant en productivité. Tout système laissant plus de libertés aux patrons et aux travailleurs pour fixer leur temps de travail en fonction de l’âge et de l’énergie de chacun serait bon.
Plus largement, Édouard Philippe déplore que notre système social repose sur un financement essentiellement lié au travail. Compte tenu de ce que le pays traverse – un vieillissement de la population et un fléchissement des naissances –, on condamne ceux qui travaillent à payer une part excessive du financement du système social. Il faut que chacun contribue au financement du modèle social et ne plus simplement le financer par le travail.
Sur l’Ecole :
L’Ecole est la 1ère priorité selon Édouard Philippe. Le pays ne s’en sortira pas sans amélioration significative de l’Ecole. Tous les Français aiment profondément l’Ecole de la République mais l’Ecole française, c’est celle qui reproduit le plus les inégalités sociales de tous les pays de l’OCDE. Si on refonde ça, on sera probablement tous plus prospères et plus heureux.
Sur les 80 km/h :
Édouard Philippe ne regrettera jamais d’avoir pris des mesures pour améliorer la sécurité routière et sauver des vies. Dans toutes les familles de France, il y a des gens qui ont été confrontés à des accidents terribles sur la route. L’objectif, c’était d’arrêter cela.
Il reconnaît en revanche qu’il aurait peut-être fait les choses différemment. Lors de l’entrée en vigueur de la réforme des 80 km/h, il n’a probablement pas réussi à l’expliquer clairement.
Sur l’aide à mourir :
Édouard Philippe considère qu’il faut attendre la fin des délibérations de l’Assemblée nationale et du Sénat avant de se prononcer sur la proposition de loi en elle-même. Sur le fond, sur cette question redoutablement complexe, il dit être, au fond de lui-même, partisan du système qui permettra le mieux possible et de façon encadrée aux gens de choisir. Selon lui, le Président de la République n’a pas tort d’affirmer que, si ça n’avance pas au Parlement, il faut que les Français choisissent.
Sur la situation à Gaza :
Édouard Philippe a été choqué le 7 octobre 2023 par ce qui était évidemment une opération de guerre. Elle appelait une lutte déterminée contre le Hamas, organisation terroriste, et Israël a évidemment le droit de se défendre. Mais, Israël est une démocratie et, si une démocratie peut faire la guerre, elle doit réfléchir à la manière dont elle le fait. Ce qui se passe à Gaza est terrible pour les populations civiles et n’est pas acceptable venant d’une démocratie. Accessoirement, c’est aussi terrible pour Benyamin Netanyahou dont il est évident qu’il a un plan de guerre, mais beaucoup moins qu’il a un plan de paix.