Le récit d’Édouard Philippe : « Pour un nouvel âge d’or du couple franco-allemand »
Les 4 et 5 novembre, je suis allé à Berlin.
Dans le contexte politique tendu que nous vivons, en France et en Allemagne, dans le contexte géopolitique instable que nous traversons, il faut parler aux Allemands !
J’ai toujours aimé l’Allemagne, sans doute parce que j’y ai vécu pendant deux ans, entre mes 16 et mes 18 ans. J’y ai passé mon baccalauréat, j’ai appris à y percevoir la France et l’Europe depuis la Rhénanie, j’y ai forgé des amitiés qui durent encore avec des Allemands de mon âge. Au-delà de mon affection pour le peuple allemand, j’ai toujours été convaincu que l’amitié franco-allemande doit être notre priorité.
Construire l’Europe n’est déjà pas simple lorsque la France et l’Allemagne s’entendent. Mais lorsque nous nous opposons, c’est impossible. Or la France et l’Allemagne divergent sur des sujets stratégiques : le nucléaire et l’énergie, la défense, la politique industrielle, la relation stratégique et commerciale avec la Chine et les Etats-Unis…
A Berlin, j’ai été heureux d’échanger, sur toutes ces questions, avec différents interlocuteurs politiques et économiques. Pendant plus d’une heure, je me suis entretenu en tête-à-tête avec la chancelière Angela Merkel. Devant des étudiants de l’ESCP, j’ai débattu avec Friedrich Merz, le président de la CDU et candidat aux prochaines élections anticipées, qui sera chancelier si la CDU l’emporte. J’étais très agréablement surpris par la grande convergence de nos points de vue ! Dans le cadre de la journée franco-allemande de l’économie, j’ai prononcé un discours qui exposait ma vision des défis que nous ne pourrons relever sans renforcer notre couple franco-allemand. Si elle se divise, l’Union européenne ne pourra tenir tête aux superpuissances américaine et chinoise. Le rapport Draghi le montre clairement : si elle ne réussit pas un saut qualitatif en matière d’innovation, de défense et de décarbonation, l’Europe subira un décrochage qui risque de devenir irrémédiable en matière de compétitivité. La fragmentation de nos industries européennes, de même que celle de nos marchés des capitaux, favorise les effets d’échelle américain et chinois.
L’intérêt des citoyens européens ne consiste pas seulement à consommer aux coûts les plus faibles possibles, au risque de perdre des emplois et de se laisser distancer dans les secteurs les plus innovants. L’intérêt des citoyens européens, c’est aussi la création de champions européens, notamment dans les secteurs de l’IA, des télécoms et de la défense.
Le couple franco-allemand doit donc redevenir un moteur de la réindustrialisation européenne pour assurer aux classes moyennes une nouvelle sécurité, une nouvelle prospérité, une nouvelle confiance en notre modèle de démocratie libérale. L’élection de Donald Trump doit nous inciter à accélérer : l’âge d’or de la relation transatlantique ne reviendra pas, comme le montre la note de notre secrétaire nationale Nathalie Loiseau. Il nous revient d’inventer un nouvel âge d’or du binôme franco-allemand, pour sauver l’Europe.
Edouard PHILIPPE