Les Notes d'HORIZONS - N°04

NUMÉRO 04 JANVIER 2023 Cette note a pour objectif de poser le cadre d’une réflexion de fond et son contenu ne constitue en rien une prise de position d’Horizons. « Notre but doit être de faire de chacun de nos élèves non un savant intégral mais une raison complète », écrivait Emile Durkheim dans L’Évolution pédagogique en France . Et il invitait à s’y atteler par « les moyens les plus efficaces : la culture par les langues, la culture scientifique, la culture historique. » Vaste programme ! Et j’ajouterais que la raison est un combat de tous les jours, une conquête individuelle et collective qui commence à l’école. Fils d’enseignants, j’ai toujours aimé l’école et respecté les professeurs. C’est un métier redoutablement exigeant, usant et néanmoins passionnant humainement et intellectuel- lement. J’éprouve une immense admiration pour celles et ceux qui l’exercent et une forme de consternation, pour ne pas dire de colère, face à la crise que traverse l’Éducationnationale : crise des vocations, crise de confiance, crise de nos assises républicaines. Les racines de cette crise sont profondes. Dans son dernier livre, Finir prof. Peut-on se réconcilier avec le collège ? , Mara Goyet utilise une image terrible en comparant l’Éducation nationale à Notre- Dame de Paris. Les échafaudages qui devaient présider à sa réfection sont demeurés longtemps après son incendie. La cathédrale était en cendres mais la structure résistait. « Voilà où nous en sommes », écrit-elle : la structure de l’Éducation nationale continue à tenir, mais quoi ? Alors que s’est-il passé depuis ces premiers temps d’apostolat laïc que décrit Marcel Pagnol dans La Gloire de mon père ? « J’en ai connu beaucoup, de ces maîtres d’autrefois. Ils avaient une foi totale dans la beauté de leur mission, une confiance radieuse dans l’avenir de la race humaine », écrit-il. Peut-être idéalise-t-il un peu la figure de son père. Mais quand même. Depuis trop longtemps, le statut et l’autorité du professeur ont été battus en brèche. A force de se dégrader, les conditions d’enseignement sont devenues aléatoires, parfois fautives. Le niveau de nos élèves s’est effondré dans la foulée, notamment en sciences et en français. Et quand l’école reproduit les inégalités sociales, quand elle hésite à défendre et à illustrer le socle de nos principes et de nos valeurs, peut-elle encore se dire pleinement républicaine ? L’enseignement à distance et l’assassinat de Samuel Paty ont aussi révélé des fractures qu’il faut nommeret réparer. J’accorde ainsi beaucoup de prix à cette première note sur l’éducation. L’enseignement doit redevenir un métier attractif par la rémunération, par les perspectives d’évolution et par l’amélioration des conditions d’exercice. Il doit redevenir un moyen de façonner des citoyens éclairés, qui aiment ou, du moins, respectent la République. Il doit enfin former des jeunes solidement outillés, et patiemment accompagnés, pour exceller dans la filière qu’ils auront choisie. C’est à cette unique condition que nous resterons un grand pays, fierque notre jeunesse nous ouvre de nouveaux horizons. ÉDOUARD PHILIPPE Président d’HORIZONS L’avenir du métier d' ENSEIGNANT Édito D’HORIZONS LES notes

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