Les Notes d'HORIZONS - N°02

3 La situation est similaire sur le marché de l’électricité. Cela place de nombreuses collectivités territoriales et entreprises dans des situations financières extrêmement difficiles, engendre un risque de récession en Europe et une perte de compétitivité, notamment industrielle, par rapport aux autres continents. D’ores et déjà, la consommation d’énergie du secteur industriel décroche par rapport aux années précédentes. 2 – Comment expliquer cette crise ? 2.1 Une crise déclenchée par un contexte inédit Sur le marché du gaz, de fortes tensions ont été ressenties dès l’été 2021 du fait de la reprise économique mondiale post-crise du Covid-19 et des premières réductions des livraisons de gaz russe à l’Union européenne. Ces livraisons de gaz russe se sont encore plus raréfiées à partir du mois de juin 2022 du fait de l’invasion en Ukraine. Sur le marché de l’électricité, la situation s’est très fortement dégradée depuis fin 2021 à cause d’une diminution historique de la production du parc nucléaire due au phénomène de corrosion observée sur certains réacteurs, des contraintes d’approvisionnement en gaz et du niveau exceptionnellement bas des stocks hydrauliques du fait de la sécheresse estivale. Il faut nous y préparer, ce contexte défavorable durera encore plusieurs années : l’arrêt des livraisons de gaz russe menace en effet notre capacité à remplir les stockages du gaz au printemps prochain, etdonc l’approvisionnementpourl’hiver2023-2024,tandisque leparcnucléaireconnaîtra pendant encore deux ans un faible niveau de disponibilité du fait de travaux de maintenance importants pour prolonger la durée de vie des centrales (programme dit du « Grand Carénage »). 2.2 Une crise profonde du système énergétique français Si la crise actuelle est européenne, elle est amplifiée en France par des causes plus profondes : - Un manque de vision pour la filière nucléaire française depuis les années 1980 (alertes sur la nécessité de construire de nouvelles centrales dès 1991, arrêt de Superphénix en 1997, exclusion de Siemens et d’Engie du nucléaire français dans les années 2000...). Surtout, depuis 2012, la filière a été déboussolée par des projections incohérentes de forte baisse des capacités de production (« 50 % de nucléaire en 2025 ») qui ont mené aujourd’hui à une perte de compétence et d’ambition industrielle, malgré le report de cet objectif à 2035 en 2017. - Un manque d’investissement et d’efforts pour favoriser l’efficacité énergétique et la sobriété dans les secteurs les plus consommateurs d’énergies fossiles et les plus émetteurs de CO 2 (bâtiments, transports, agriculture). - La dépendance structurelle de notre économie – comme celles de l’ensemble des pays d’Europe – aux importations d’énergies fossiles qui nous expose durablement à un risque géopolitique important en plus de nous condamner à avoir une empreinte carbone élevée ; - Le retard accumulé par la France dans le déploiement des énergies renouvelables (hors hydraulique). Fin 2023, la France accusera ainsi un retard significatif par rapport à ses objectifs 6 : -20% sur l’éolien terrestre et -25% sur le solaire photovoltaïque. Les causes de ce retard sont connues : les délais de nos procédures d’autorisation sont trop longs, l’opposition locale est fréquente, lamajorité des projets font l’objet de recours contentieux qui traînent en longueur. Plus de dix ans après le lancement de l’appel d’offres, le premier projet éolien en mer vient seulement d’être mis en service au large de Saint-Nazaire. Il nous faut réduire drastiquement ces délais pour atteindre nos objectifs. 6 Fixés dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). LES notes D’HORIZONS

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