Les Notes d'HORIZONS - N°02

1 – Notre système énergétique traverse aujourd’hui une crise sans précédent Cet hiver, pour la première fois depuis les années 1970, la France fait face à des risques significatifs de rupture d’approvisionnement en gaz et en électricité. Malgré des stocks de gaz pleins, le scénario de référence des gestionnaires du réseau de gaz 3 montre que le système gazier français pourrait être incapable de fournir près de 5% de la consommation dans le cas d’un hiver rigoureux. Les restrictions de consommation se traduiraient alors par des coupures maîtrisées de grands consommateurs industriels afin de protéger les particuliers 4 . Concernant l’électricité, la situation dépendra essentiellement de la disponibilité du parc nucléaire et delasituationdeséchangeseuropéens 5 :sileretourenservicedesréacteursnucléairesenmaintenance est assuré et si des mesures de sobriété suffisantes sont adoptées cet hiver, l’approvisionnement devrait être garanti. Toutefois, il n’est pas possible d’écarter des aléas conduisant à des situations plus critiques, face auxquelles d’autres leviers devraient alors être mobilisés, comme le recours aux contrats de coupure rémunérée de certains industriels, ou la mobilisation générale en faveur de la réduction immédiate de la consommation (signaux Ecowatt rouges). En dernier recours, des interruptions momentanées de la distribution du courant électrique sur un secteur du réseau (le « délestage ») seraient ponctuelles, organisées et limitées à quelques heures. Conséquence directe des contraintes d’approvisionnement, le prix de l’énergie a connu une hausse vertigineuse : celui du gaz a été multiplié entre 10 et 20 entre début 2021 et aujourd’hui. La crise énergétique que traverse l’Europe nous replace face à notre dépendance aux énergies fossiles. La place du nucléaire dans notre mix électrique est un débat majeur. Mais il ne doit pas occulter la place du pétrole et du gaz dans notre consommation. Or, l’énergie utilisée pour notre consommation finale (essence à la pompe, électricité au foyer, etc.) est composée pour les deux tiers d’énergies fossiles (44% de produits pétroliers, 20% de gaz) 1 . Malgré une électricité décarbonée à 92% 2 , la France est donc encore trop peu avancée dans sa transition énergétique et loin de son objectif de neutralité carbone en 2050. Si la crise énergétique actuelle a été accélérée par des facteurs conjoncturels comme la crise du Covid-19 ou la guerre en Ukraine, ses causes sont profondes. L’ampleur de ses conséquences pour tous, entreprises, collectivités et particuliers, nous oblige à accélérer notre transition vers un système énergétique bas carbone plus résilient et capable de soutenir la réindustrialisation du pays, tout en contribuant à lutter contre le changement climatique et les menaces qu’il fait peser sur le vivant. La politique énergétique française EN CRISE 1 Source : Energy Statistics Data Browser – Data Tools - IEA, 2019 2 En 2021, l’énergie nucléaire représente 69% de la production d’électricité nationale et les énergies renouvelables 23% (dont plus de la moitié est constituée d’énergie hydraulique). Source : RTE, Bilan électrique 2021 3 GRTgaz et TEREGA. 4 Source : Communiqué de presse de GRTgaz 5 S ource : Rapport de RTE : “Perspectives pour le système électrique pour l’automne et l’hiver 2022-2023” 2 LES notes D’HORIZONS

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