Les Notes d'HORIZONS - N°04
4 2.3 Un parcours de carrière inexistant De manière générale, la gestion des ressources et des relations humaines dans le système éducatif est de plus en plus éloignée des personnels enseignants qui ne se sentent pas écoutés, voire même dépréciés par leur administration selon l’enquête de Marie-Pierre Luigi dans le rapport « Administration & éducation n° 159 (2018/3) ». À leurs débuts, les nouveaux enseignants sont affectés sur des critères géographiques avec une première affectation en général très éloignée de leur académie d’origine ou en zone REP/REP+ (45 % des enseignants en zone difficile sont de jeunes professeurs). D’autre part, le mouvement des enseignants du second degré s’effectue au niveau national alors qu’il est académique pour les professeurs des écoles : si les seconds obtiennent un poste dans leur académie d’origine (celle où le concours a été passé), les premiers participent à un mouvement national, ce qui crée un déséquilibre moral et familial certain. L’évolution de carrière des professeurs est lente et n’offre quasiment aucune réelle perspective, à court, moyen et long terme. Au sein d'une entreprise, les plans de carrière sont fréquents et répertorient les objectifs à atteindre pour un salarié. Dans l’Éducation nationale, un enseignant n’a vocation à bénéficier que de trois rendez-vous de carrière dans une vie professionnelle sans certitude d’obtenir une promotion en raison des quotas imposés. 2.4 Une formation initiale et continue mal adaptée et pas assez complète La formation des enseignants passe essentiellement par les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (INSPE) qui répondent demoins enmoins aux besoins des enseignants. La formation initiale et continue s’est progressivement éloignée du quotidien des professeurs avec des sujets tels que l’appropriation des enjeux éducatifs transversaux et des grands sujets sociétaux, le droit de la fonction publique, la sociologie...qui ne sont pas indispensables à la prise de fonctions, alors que d’autres sujets fondamentaux comme l’accompagnement des élèves en situation de handicap ou l’usage des outils numériques sont insuffisamment traités. Devenus trop universitaires avec peu de personnels en lien direct avec le quotidien du métier, ces instituts composés essentiellement de chercheurs ou autres cadres de l’Éducation nationale ne mettent plus en situation et ne privilégient pas ou très peu le terrain, la réalité du métier. Quant à la formation continue, outre le fait qu’au cours de leur carrière, les enseignants français en bénéficient moins que leurs confrères de l’OCDE, l’offre existante ne répond pas à leurs attentes puisque près de 40% des personnels estiment qu’elle ne convient pas à leurs besoins et qu’elle est trop centrée sur l’accompagnement à d’éternelles réformes. 2.5Unniveaudesalaireendécalageavec leniveauderesponsabilitédesprofesseurs La France est l’un des pays où le nombre d’élèves par classe est le plus élevé parmi les pays riches. D'après le ministère de l'Éducation nationale, le taux moyen d’encadrement en primaire est de 22,5 (pouvant atteindre 28 hors Réseau d'Éducation Prioritaire), de 25,6 en collège et de 30 en lycée (voire 35). Si, dans le premier degré, un maître n’a en charge qu’une seule classe, dans le second degré, un professeur peut avoir jusqu’à plus de 150 élèves répartis sur plusieurs divisions. Ce niveau d’encadrement, partout ailleurs dans le monde, a pour conséquence une niveau salarial adapté. Or, aujourd’hui, et ce malgré la récente augmentation salariale annoncée par le gouvernement, les salaires des professeurs français sont bas et nettement inférieurs à ceux de leurs homologues européens puisque selon les chiffres publiés par la Commission européenne pour l’année scolaire 2020/2021 (données Eurydice), un enseignant du secondaire gagne 29 382 euros brut annuels contre 60 163 euros en Allemagne ou encore 37 634 en Finlande. Cette stagnation salariale conduit à un déclassement général des professeurs par rapport au reste au marché du travail : au début des années 1980, un enseignant débutant gagnait 2,1 fois le SMIC ; en 2021, cette différence n'est plus que d'1,2. LES notes D’HORIZONS
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