Les Notes d'HORIZONS - N°04

3 1.4 Une formation et de premières affectations de moins en moins adaptées Dans un rapport de 2020, l’OCDE estimait que la formation des enseignants est rarement considérée comme une priorité pour réduire les inégalités et améliorer la performance globale du système scolaire. Elle affirme pourtant que développer des politiques éducatives permettant d'améliorer les performances des enseignants est l’une des stratégies les plus prometteuses et les moins onéreuses pour améliorer le niveau global des élèves. Or, le constat d’un rapport sénatorial de 2018 sur la formation des enseignants français est sévère, avec une atomisation des parcours de formation et une baisse générale de leur qualité : « à l’issue de la formation initiale, nous n’avons pas la certitude d’avoir de bons professeurs ». La Cour des comptes montrait en outre en 2017 que les établissements en difficultés reçoivent beaucoup d’enseignants débutants, moins « rodés » à la pratique, et des équipes qui changent plus souvent qu’ailleurs, renforçant la spirale de difficultés. Les néo-titulaires font pour beaucoup leur première rentrée dans un nouvel établissement, souvent sur des postes délaissés par les enseignants plus chevronnés, en éducation prioritaire (20 % des néo-titulaires du premier degré, 14 % du second), en zone rurale isolée ou sur des postes de remplaçants. 2 – Comment expliquer cette crise ? La crise de vocation que traverse l’Éducation nationale trouve notamment son origine dans des conditions de travail détériorées, des carrières peu attractives et une crise de sens alimentée par l’inadéquation entre les modalités d’exercice du métier d’enseignant et les évolutions de la société. 2.1 Des conditions de travail détériorées Les Français ont bien conscience de la dégradation des conditions d’enseignement. Ainsi, selon un sondage Ipsos de 2022, si 77% des Français déclarent que l’école maternelle fonctionne bien, seulement 41% ont la même opinion pour le collège et le lycée. Pour 71% des Français, la situation se dégrade dans les collèges et pour 69% dans les lycées. Parallèlement, on constate un irrespect grandissant et des incidents de plus en plus nombreux envers les enseignants : selon l’enquête cadre de vie et sécurité (CVS) de l’INSEE, 12 % des personnels de l’Éducation nationale déclarent être victimes chaque année de menaces ou d’insultes dans l’exercice de leur métier, soit une proportion près de deux fois plus élevée que dans l’ensemble des autres professions. Cette hausse des violences reflète également une évolution du comportement des parents vis-à-vis des professeurs. Autrefois respectés, ceux-ci ont vu leur autorité se déliter, les familles n'hésitant plus à intimider les professeurs pour défendre leur enfant. Il n’y aura pas de redressement de l’Education nationale sans une restauration de l’autorité du professeur et de l’école comme sanctuaire républicain. 2.2 Un manque d’autonomie Au-delà des violences, l’absence d’autonomie des professeurs revient souvent comme l’une des raisons principales de leur mécontentement. Les enseignants ne disposent en effet que de peu de moyens en propre, notamment pour acheter du matériel, organiser des activités ou encore moderniser leurs cours (la prime d’équipement informatique est actuellement de 150 euros nets annuels) et sont insuffisamment associés à l’organisation de leur établissement, tout en subissant à intervalles réguliers des réformes de programme ou de structure percutant leur activité. LES notes D’HORIZONS

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