Les Notes d'HORIZONS - N°01

4 2 – Quelles sont les causes de cette situation ? 2.1 Un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande de soins. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’offre de soins a augmenté ces dernières années, comme en témoigne par exemple la progression du nombre de professionnels de santé en France entre 2015 et 2021. A noter que le numerus clausus (c’est-à-dire la limitation par les autorités du nombre de personnes admises dans les cursus de médecine) a mécaniquement contenu cette progression pour certaines professions de santé. Toutefois, malgré cette croissance de l’offre, la croissance de la demande de soins a été encore plus significative : +1,5% en 2018, +2,0% en 2019 et +0,4% en 2020 . Cette croissance est le fruit de l’augmentation de l’espérance de vie (+2,9 ans pour les femmes et +4,7 ans pour les hommes en 20 ans) et d’une exigence accrue pour des soins de qualité, notamment avec un recours plus important aux spécialistes. De ce fait, apparaît un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande de soins. 2.2 Une baisse significative de l’attractivité des métiers de santé et de certains territoires. Les métiers de santé dans leur ensemble semblent souffrir d’une baisse d’attractivité, avec deux grandes problématiques qui en sont la cause : les conditions de travail et les rémunérations . A titre d’exemple, 45% des médecins généralistes se disent aujourd’hui en situation de burn out. Du côté des salaires, un agent de la fonction publique hospitalière percevait en 2020 en moyenne 2 463 euros nets par mois en équivalent temps plein, soit, corrigé de l’inflation, une augmentation de 0,5% en un an après une diminution de 0,8% en 2019. De façon générale, la diminution de la densité en soignants dans certains territoires est également le reflet d’un problème global de baisse de l’attractivité des territoires ruraux et de certains territoires péri-urbains . Dans des territoires où les services publics ont disparu, où les commerces ferment et où il y amoins d’écoles et de crèches, la question de la désertificationmédicale rejoint en réalité une dimension plus globale : les nouvelles générations de soignants, qui veulent consacrer plus de temps à leur vie personnelle et familiale, adoptent le même comportement que d’autres jeunes actifs à l’égard de ces territoires. La question de l’accès aux soins ne saurait être pensée indépendamment de la problématique générale des inégalités territoriales. 2.3 Une baisse du temps médical. En dépit d’une expansion des technologies et du numérique en santé, force est de constater que le temps médical, c’est-à-dire le temps passé à soigner des patients, est en constante diminution . Les raisons de cet effet paradoxal sont l’augmentation des tâches administratives chronophages (selon une étude de 2011, sur une durée hebdomadaire moyenne de travail déclarée de 57 heures, une vingtaine d’heures est consacrée à d’autres types d’activités que les consultations), le temps passé à former de nouveaux soignants, la participation aux réseaux de soins mais aussi le changement générationnel impliquant que les soignants veulent désormais consacrer plus de temps à leur vie privée . Il existe de multiples autres causes à la situation actuelle, toutes intimement intriquées. Toutefois, les trois raisons développées ci-dessus sont unanimement reconnues pour participer de façon importante à la désertification en soignants dans de plus en plus de zones géographiques. LES notes D’HORIZONS

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